🥑 Newsletter #1
Où on parle identité de genre et jeu vidéo, plaisirs coupables du TDD et nos actus 🧋
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Aidons les devs sous-représenté·e·s dans la Tech à rattraper leurs collègues ingénieur·e·s ✊
TL;DR : https://www.ulule.com/micro-bootcamps
On le radote depuis un moment : grâce à l'explosion des bootcamps, de plus en plus de personnes qui n'étaient pas "nées pour être développeur·euse·s" accèdent à ce métier, et c'est génial !
Le problème, c'est qu'une fois en entreprise, ces personnes se heurtent à un gap technique et culturel qui les sépare de leurs collègues issu·e·s de parcours plus classiques et plus longs (écoles d'ingénieurs, universités...).
Ce gap existe pour presque tous les gens qui ont fait une reconversion dans le développement. Mais il est particulièrement dramatique pour les personnes sous-représentées dans la Tech : les femmes, les personnes racisées, les LGBTQIA+, les personnes en situation de handicap, etc. (tu as compris l’idée).
Notre ambition est de créer un cursus d'excellence pour les développeur·euse·s sous-représenté·e·s dans la Tech afin de les aider à combler le gap entre leur formation et celle d'une école d'ingénieur.
C'est l'aventure dans laquelle on s'est engagé·e·s depuis quelques semaines, et on lance une campagne de crowdfunding (= financement participatif) pour y arriver 💪
Comment réussir un crowdfunding ?
Héhé, si on avait déjà la réponse, on serait en train de chiller devant For all mankind au lieu de noyer notre stress dans des Actimel proches de la date de péremption, roulé·e·s en boule dans un coin.
Ce qu’on a appris récemment, en tout cas, c'est que les dons fonctionnent - comme l'Enfer - par cercles.
1er cercle : famille, ami·e·s, communauté
2e cercle : ami·e·s d'ami·e·s
3e cercle : inconnu·e·s
Si on ne veut pas que notre projet meure dans l’œuf 🥚 (ça y est, on a faim), il faut essayer, dans les premiers jours de la campagne, de récolter 30 % de participations au sein de notre 1er cercle.
En effet, en ayant déjà récolté quelques fonds, le projet sera plus crédible auprès des 2e et 3e cercles (autrement dit, les gens auront moins peur qu'on prenne l'oseille et qu’on se tire).
💗 Or, un des piliers de notre 1er cercle, c'est vous 💗
Alors si vous avez deux minutes pour aller jeter un œil, c'est ici : https://www.ulule.com/micro-bootcamps.
Si, en plus, vous pouvez participer, même d'un petit euro, ce serait génial et ça nous aiderait beaucoup !
Et bien sûr on est très preneur·euse·s de vos avis et retours. On peut améliorer la page en continu, donc n'hésitez pas !
Atelier Archéologie des ordinateurs
Le 21 septembre dernier, Electronic Tales a investi les locaux d’Ada Tech School à Paris pour la première édition d’un nouvel atelier, Archéologie des ordinateurs. On était une quinzaine de participant·e·s et, ensemble, on a démonté des vieilles machines pour lutter contre le gatekeeping du hardware.
On a aussi parlé de quelques grandes oubliées de l’histoire du hardware (oui oui, il n’y a pas qu’Ada Lovelace et Grace Hopper dans l’histoire de l’informatique), et tout ça était, somme toute, doux, vénère, drôle et exaltant.
Si jamais tu as raté cette édition, sache que nous recommençons le 21 janvier 2024 à La Mutinerie, le plus merveilleux des bars queerféministes de Paris. Et si tu n’es pas sur Paris mais que ça te brancherait que le bus magique d’Electronic Tales vienne dans ton coin, n’hésite pas à nous contacter, par mail (contact[at]electronictales.io) ou sur Slack.
Imaginarium
1861. Alexandre Pouchkine, l’équivalent de Shakespeare en Russie, achève d’écrire une de ses œuvres majeures, Eugène Onéguin, qui comporte une célèbre scène de duel où - spoiler alert - le personnage principal tue son meilleur ami.
Six ans plus tard, Pouchkine meurt en duel en 1837.
Ok, on pourrait arguer que la chose n’avait rien d’une prédiction très complexe : un noble européen sur deux, à l’époque, se retrouvait à six heures du mat’ dans la neige à tirer sur dieu-sait-qui pour un gant jeté à la figure un peu vite. Mais retenons l’idée.
En 2018, le jeu vidéo Celeste a été un succès critique autant que public. Certain·e·s le qualifient même de chef-d’œuvre.
En deux mots, il s’agit d’un jeu de plateforme en 2D où Madeleine, notre héroïne, va escalader des montagnes et surpasser toutes sortes d’obstacles. A la sortie du jeu, beaucoup y ont vu une métaphore de la dépression. Mais l’œuvre avait également une autre dimension, inconnue de son auteure même, Maddy Thorson, au moment de sa création. Voici ce qu’en dit Maddy :
“This feels painfully obvious to a lot of (mostly trans) people, and likewise it feels painfully obvious to me too, in retrospect. It has also become painfully obvious to me that I, myself, am trans,“ Thorson wrote in a 2020 blog post.“But these are things that I was not aware of during the development of Celeste, where I was writing Madeline and speaking from her perspective. Creating Celeste with my friends helped me reach the point where I could realize this truth about myself. During Celeste’s development, I did not know that Madeline or myself were trans. During the Farewell DLC’s development, I began to form a hunch. Post-development, I now know that we both are.”
Source ici.
Modern World
Pourquoi les tests pourraient sauver ta santé mentale
Ah, les tests ! Plus ça va, plus on a l’impression que le monde du dev s’est transformé en une créature à deux têtes sur cet épineux sujet. D’un côté, tu as Jean-Philippe Ouindev, lead dev depuis 25 ans, qui dit que ça ne sert à rien, et de l’autre tu as Fabrice Craphteux-Premier-de-Cordée, qui, quand tu lui confesses après quelques proseccos bien tassés que tu ne pratiques pas systématiquement le TDD (Test Driven Development), se pâme avec la même intensité que si tu venais d’insulter son arrière-grand-oncle.
Seulement voilà, derrière sa posture d’orthodoxe de la bonne pratique, Fabrice Craphteux ne te dit pas tout.
Ok, le TDD permet d’écrire du code plus propre, plus simple à faire évoluer. Ok, les tests minimisent les risques, lors de l’ajout de nouveau code, de casser quelque chose quelque part dans son programme sans s’en rendre compte.
Mais ce que Fabrice ne te raconte pas, c’est le plaisir de validation qu’apportent les tests.
Oui, ce truc satisfaisant immédiat, un peu comme celui de croquer dans une vatrushka bien fraîche ou de glouper une poignée de chips au vinaigre. Ce truc qui fait qu’on a envie d’y revenir très vite.
Entre autres mille choses intéressantes, le livre Coders aborde un mécanisme qui ferait qu’on aime coder. Il s’agit du circuit de récompense très rapide inhérent à la programmation. On écrit quelques lignes, on fait tourner, ça marche ou ça plante, on recommence. Quand on y pense, peu d’activités permettent d’avoir un feedback aussi immédiat et explicite sur ce qu’on fait.
Beaucoup de devs parlent d’ailleurs d’addiction à la programmation.
Le TDD suit un cycle bien déterminé : Red, Green et Refactor.
Red. D'abord, tu écris un test qui échoue car il n'y a pas encore de code pour le satisfaire. Tu lances le tests, ton terminal devient plus rouge que la mer traversée par Moïse & cie, mais tu es quand même content·e parce que, hey, c’est ce que tu voulais.
Green. Ensuite, tu écris le code minimum requis pour que le test passe. Là on est en mode Jean-Michel Insouciance, on peut écrire un truc bien dégueux tout en mettant son smoothie choco-coco-mangue à mixer. A moins d’un gros problème, le terminal sera vert, et tu es content·e, parce que depuis la nuit des temps (ou depuis la maternelle, disons) “vert = le Bien”.
Refactor. Enfin, tu améliores ton code petit à petit, tout en t'assurant que le test continue à passer à chaque modif (Refactor). On entre dans la phase de la Quête du Green, en somme.
Il y a du rouge de temps en temps, certes, mais c’est supportable parce que, quand même, c’est toi-même qui as écrit la règle à respecter il y a dix minutes. A cette étape, le test est comme la prof d’histoire-géo “sévère-mais-juste” de ton collège : il te recadre de temps en temps (rouge), mais sait te féliciter quand il faut (vert).
Alors voilà, tu te répètes ce cycle toutes les x minutes, et le circuit de récompense dans ton petit cerveau tourne à plein régime. Tu sécrètes plus de dopamine qu’un·e adhèrent·e de Basic Fit qui arrive à choper une place sur une machine entre 18 h et 20 h.
En plus de pouvoir t’auto-satisfaire de ta probité à respecter les bonnes pratiques du dev (please don’t), tu es shooté·e comme un petit lapin Duracell.
A ce stade de l’article, certain·e·s se demanderont probablement en quoi cette apologie de l’addiction peut aider la santé mentale des devs - elle aurait même plutôt l’air de produire l’effet contraire. SAUF QUE.
Sauf que, concentre-toi bien : quand est-ce qu’un·e collègue t’a fait un retour positif pour la dernière fois ? quand est-ce ton·ta boss t’a remercié·e pour ton travail ? Si tu as un souvenir précis, tant mieux ! Hélas c’est encore loin d’être la norme dans le monde du dev. Car oui, ce que Fabrice Craphteux ne nous dit pas non plus, c’est comment, un jour, il a cassé la prod à son nouveau poste, puis comment il a passé le week-end en PLS à manger des crumpets Nutella-banane pour s’en remettre. Ou comment un·e collègue spécialiste des code reviews passives-agressives lui a ruiné la confiance.
Eh, on pourrait discuter des jours sur pourquoi les hommes cis préfèrent soulever de la fonte pendant trois heures plutôt que de parler ouvertement de ce genre de trauma.
Toujours est-il que, sous sa carapace de parfait petit expert, Fabrice cherche probablement (en plus des bénéfices techniques que nous ne remettons pas en en doute), de façon plus ou moins inconsciente, une validation de son travail - validation que son environnement humain ne lui fournit pas, ou pas assez.
En tant que dev sous-représenté·e dans la Tech, on en aurait bien besoin aussi, de validation.
Sauf qu’on peut très vite se sentir exclu·e du club des pratiquant·e·s de tests et autres TDD, adeptes de ce qu’on nomme parfois le craft(wo)manship. Et il y a des raisons très rationnelles à cela. Sur les réseaux, les personnes francophones qui s’expriment sur le craft sont en écrasante majorité plutôt des hommes, plutôt cis, et plutôt sorties d’une école d’ingénieur. Ajoutons à cela que, malgré leur envie de vulgariser probablement sincère, les posts sont rarement simples à comprendre pour un·e néophyte (même avec plusieurs années d’expérience en prog). Saupoudrons de termes tels que “artisan” et “compagnon”, et il ne nous manque plus qu’une chope de bière, une forge et un plateau de Donjons et dragons pour avoir le tableau complet.
Mais les technologies et les pratiques, en soi, ne sont pas la propriété absolue d’un groupe social (même quand ce groupe s’y emploie très fort - coucou le gatekeeping). Non seulement pratiquer les tests et/ou le TDD peut aider les devs minorisé·e·s à sauver leur santé mentale, mais cela aura comme conséquence de renforcer leurs profils sur un CV et de solidifier leurs githubs.
Et en plus, c’est presque aussi addictif qu’un paquet de Lays saveur Fromage du Jura.
Oh là là je me reconnais tellement dans l’image du petit lapin Duracell shooté à la dopamine quand une ligne de code ou un test marchent enfin 😱❤️